Alcool – jeux – médicaments – drogues… Quand parle-t-on d'addictions ? Comment me faire aider ou aider un proche ?

Addictions

Qu’est qu’une drogue ?

Une drogue est une substance psychotrope naturelle ou synthétique dont la consommation excessive peut mener chez certaines personnes, à des dépendances physiques et/ou psychiques.

On classe les drogues en différentes grandes catégories :

  • les calmants,
  • les excitants,
  • les perturbateurs.

Les drogues peuvent se consommer de différentes façons, ce sont les modes de consommation :

  • inhalées,
  • avalées,
  • injectées,
  • fumées.

Les drogues et leurs modes de consommations évoluent aussi dans le temps.

Les sites suivants reprennent sous forme de tableau les drogues les plus habituelles aujourd’hui :

Elles peuvent se prendre dans différents contextes (fêtes, travail, dans la vie quotidienne, etc…), de manière occasionnelle ou régulière. Elles prennent ainsi des places plus ou moins problématiques (ou pas problématiques du tout) dans la vie des personnes qui consomment, de leurs familles, de leurs amis, etc…

L’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies décrit pour l’Europe (OEDT) comment ces consommations évoluent au fil du temps, quelles sont les préférences des consommateurs, quelles sont les nouvelles drogues qui apparaissent, quelles sont leur répartition sur les différents territoires, etc…
Pour en savoir plus : https://www.emcdda.europa.eu/edr2019

La Plateforme Bruxelloise pour la Santé Mentale est chargée de récolter les données pertinentes pour le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale et de les transmettre à l’OEDT via Sciensano (organisme national de recueil de données).

Quelques définitions
Substance : un produit liquide, solide ou aérosol
Psychotrope : qui agit chimiquement sur le cerveau
Naturelle : qui vient de la nature, sans changement
Synthétique : dont l’état naturel est artificiellement modifié
Psychique : psychologique
Physique : qui vient du corps
Contexte : ensemble de circonstances dans lesquels se produit un fait

 

Pour qui et à partir de quand la drogue devient un problème d'addiction ?

Consommer une drogue n’est pas forcément un problème en soi.
Cela devient un problème pour la personne qui en souffre le plus et qui souhaite que la situation change.
Ainsi, la consommation de drogues légales ou illégales n’est pas toujours un problème pour celui ou celle qui consomme, mais elle peut être un problème pour les proches, les familles, les amis, etc.

La manière dont on traitera le problème doit tenir compte de ce qui est problématique (ou non) pour chacun, en respectant chaque individu.

Un certain pourcentage d’individus consomme de manière excessive des drogues et deviennent dépendants physiquement et/ou psychiquement avec des conséquences néfastes pour eux et pour leur entourage.

Parmi ces individus, certains peuvent présenter un syndrome de sevrage lorsqu’ils arrêtent leur consommation ou une overdose lorsqu’ils consomment beaucoup trop de quantité de drogues en une seule prise.

Quelques définitions
Légal : qui est en accord avec la loi, licite
Illégal : qui est contraire à la loi, illicite
Problématique : qui représente une difficulté, un problème
Excessif : en quantité trop importante

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Qu’est-ce qu’une dépendance ?

La dépendance est le fait de ne plus pouvoir se passer d’un produit, d’une personne ou d’un comportement.

Pour le dire autrement, « la dépendance c’est la perte de la liberté de s’abstenir ».
La personne ne parvient pas à stopper son comportement ou s’empêcher de consommer, il ne s’agit pas d’une question de volonté, et ce, malgré la connaissance des conséquences négatives.

La dépendance a des répercussions sur l’organisation de la vie de la personne, sur sa santé physique et psychologique, sur ses relations sociales, …

Il existe différents signes indiquant une dépendance :

  • Dépendance physique
    Les signes de la dépendance physique sont de deux ordres :
    -    la tolérance aux effets du produit,
    -    l’apparition de signes de sevrage lorsque la personne arrête de consommer.
    Les signes de sevrage sont : les tremblements, la transpiration, l'accélération du rythme cardiaque, la hausse de la tension artérielle, éventuellement des nausées, des vomissements, de l’agitation, de l’anxiété.
    Si les signes de sevrage sont très marqués, la personne peut réellement se mettre en danger, pouvant aller dans les cas de sevrage d’alcool, jusqu’à un delirium tremens.
  • Dépendances psychologique et comportementale
    Présence d’une envie très marquée de consommer (craving), souvent accompagnée d’efforts infructueux pour diminuer, contrôler ou arrêter la consommation.
    La personne en situation de dépendance passe de plus en plus de temps à chercher le produit, et donc par la force des choses abandonne ses autres activités (loisirs, profession, etc.)

Quelques définitions
Effet de Tolérance : fait qu’il faut des quantités toujours plus importantes pour obtenir le même effet que précédemment.
Delirium tremens : perte du sens de la réalité, accompagné d’hallucinations visuelles (le plus souvent la personne voit des petits animaux). Le delirium s’accompagne d’agitation et parfois de sentiment de persécution, au cours desquels la personne peut commettre des agressions envers les autres personnes. Le delirium est une situation très dangereuse, pouvant dans certains cas entraîner la mort de la personne.

Pour aller plus loin : https://infordrogues.be/a-propos/


Où et à qui demander de l’aide dans des cas problématiques de consommation ?

Un traitement est le fait de prendre en charge une personne qui présente des problèmes de consommation.

Ce traitement peut être médical et psychologique. Il peut être proposé par différents lieux de prise en charge.

Il est capital que la personne fixe elle-même ses objectifs dans la prise en charge (arrêt d’usage, réduction, maintien, etc..).

Pour voir la liste des lieux de prise en charge pour des problèmes de consommation, à Bruxelles :

Il existe également des groupes d’entraide, soit internes à ces institutions, soit indépendants et externes.

Prise en charge de l’Alcool spécifiquement
Information, dépistage, diagnostic et accompagnement Alcool
https://aide-alcool.be/
https://www.reseaualcool.be/

Urgences 

Résidentiel Alcool
L'Orée
CHU Brugmann - Unité d'alcoologie et toxicomanie
Cliniques Universitaires Saint Luc - Unité d'hépatologie/alcoologie

Gastroentérologie : Alcool
Cliniques Universitaires Saint-Luc - Hépato-gastro-entérologie


Qu’est-ce qu’un Syndrome de sevrage ?

Les signes d’un syndrome de sevrage sont les suivants :
tremblements, transpiration, accélération du rythme cardiaque, hausse de la tension artérielle, parfois des nausées, des vomissements, de l’agitation, de l’anxiété.
La personne peut être en danger, il faut appeler votre médecin généraliste ou les urgences.


Qu’est-ce qu’une overdose ?

Overdose ou surdose est l’absorption en quantité supérieure à ce qu’un organisme peut supporter. Dans les cas extrêmes, une overdose entraîne la mort de l’individu.

Qu’est-ce qu’un syndrome d’alcoolisme fœtal ?

L’exposition de l’embryon ou du fœtus à des doses importantes d’alcool consommées par la mère peut avoir des conséquences irréversibles sur l’enfant.

C’est principalement le cerveau qui risque de ne pas se développer normalement, car l’alcool est très toxique pour les neurones en développement, en particulier entre le 10e jour et la 10e semaine de grossesse.

On recommande donc aux mères de ne pas consommer du tout de boissons alcoolisées pendant la grossesse et, en particulier, de ne pas avoir d’épisode de consommation massive (binge drinking).

L’alcoolisme fœtal concerne environ 1% des naissances.
Il se manifeste par un retard de croissance intra-utérin, une malformation typique du crâne et du visage, caractérisé par une petite tête, des yeux petits et assez écartés, des oreilles implantées bas et un effacement du creux situé entre le nez et la lèvre supérieure.
Il peut être également responsable d’un retard mental, d’hyperactivité et de trouble de l’apprentissage. A l’âge adulte, le syndrome d’alcoolisme fœtal prédispose au développement de l’alcoolisme. (Source : « L’alcoolisme est-il une fatalité ? Comprendre et inverser la spirale infernale », Philippe de Timary, MARDAGA, 2016)


Qu’est-ce que la prévention et la réduction des risques ?

La réduction des risques en Région de Bruxelles-Capitale est gérée par l'asbl Modus Vivendi.

Le développement de la dépendance à des substances psychoactives chez une personne dépend de plusieurs facteurs :

  • Facteurs génétiques
    Il se peut que certaines personnes soient génétiquement plus vulnérables aux propriétés toxicomanogènes des drogues.
  • Facteurs endocrinologiques
    Consommer des drogues stimule ou inhibe certains circuits cérébraux et peuvent inciter à répéter les expériences de consommation (circuits de contrôle, de motivation, de plaisir et de récompense, etc.).
  • Facteurs sociaux
    Les personnes peuvent être influencées et fragilisées face à une ou plusieurs dépendances selon :
    -    leur environnement social : famille, travail, école, etc.
    -    différentes sources de stress : carences affectives, abus, maltraitances, conditions de travail difficiles, précarité, isolement, etc.
  • Facteurs biologiques
    Il s’agit des facteurs de risque qui perturbent le développement neurologique ou des antécédents de maladies chroniques dans la famille.
  • Facteurs psychologiques et psychiatriques
    Les comorbidités les plus fréquemment associées sont les troubles anxieux et dépressifs. On retrouve également environ 30% de troubles bipolaires et de schizophrénie.
    Le risque suicidaire est important, surtout dans les épisodes de consommation aigüe.
  • Facteurs liés à l’âge de l’individu
    Ce facteur de risques est lié à certaines grandes étapes de développement dans la vie d’une personne. L’adolescence ou les stress aigus ou chroniques liés à l’âge adulte constituent des périodes de vie où les facteurs de risque de mauvais usage de substances sont particulièrement importants.

Les consommations de substances psychoactives ont-elles des effets sur la santé mentale ?

Les drogues peuvent en effet entraîner des modifications de santé mentale chez la personne qui les consomment :
-    soit ces troubles découlent de la prise de substances,
-    soit ils préexistaient et s’intensifient.

Mais dans un cas comme dans l’autre, les personnes ont très souvent besoin d’une prise en charge médicale et psychologique.

Les comorbidités les plus fréquemment associées sont les troubles anxieux et dépressifs.
On retrouve également environ 30% de troubles bipolaires et de schizophrénie.
Le risque suicidaire est important, surtout dans les épisodes de consommation aigüe.


Quels sont les risques pour la santé physique associés aux modes de consommation d’une drogue ?

Les dépendances à des substances psychoactives peuvent entraîner différents types de complication physiques, notamment des voies aérodigestives supérieures et les cancers.
On parlera de facteurs de risque forts ou modérés.

Dans le cas de la consommation d’alcool, un bilan médical permettra d'évaluer et rechercher des signes :
•    de maladie chronique du foie/insuffisance hépatocellulaire,
•    de neuropathie périphérique et de troubles cognitifs,
•    fonctionnels ORL,
•    de dénutrition,
•    de facteurs de risques d’hépatite virale et maladies sexuellement transmissibles,
•    de comorbidités psychiatriques.

Dans tous les cas, les intoxications aigües, les signes de sevrage ou les consommations chroniques entraînent des effets physiques négatifs.

Quelques définitions
Voies aérodigestives supérieures : partie haute du système respiratoire et digestif composée de différents organes : le nez et les fosses nasales, la bouche, le larynx, le pharynx, la trachée, l’œsophage et les ganglions cervicaux
Insuffisance hépatocellulaire : dysfonctionnement des fonctions du foie (synthèse, épuration, sécrétion biliaire)
Neuropathie périphérique : altération du fonctionnement du système nerveux périphérique. L’atteinte d’un nerf périphérique peut avoir des répercussions sur la motricité, sur la sensitivité subjective (par exemple, perception de la douleur) et objective (par exemple, anesthésie), provoquer des troubles neurovégétatifs.
Troubles neurovégétatifs : troubles liés au fonctionnement du système nerveux autonome. Celui-ci assure les fonctions automatiques de notre corps : respiration, digestion, circulation, thermorégulation, excrétion.
Comorbidité : Association de deux maladies physiques et/ou psychiques observées dans la population générale et sans causalité établie (contrairement aux complications).


Quels sont les risques de dommages sociaux associés aux consommations de drogue ?

Les dépendances à des substances psychoactives affectent fréquemment les sphères professionnelle, financière, juridique, du logement, et peuvent aussi altérer les relations avec les autres personnes.

Toutes les catégories socio-professionnelles peuvent être touchées.

De plus, les impacts familiaux sont fréquents : violences psychiques et/ou physiques familiales et conjugales, séparations, mise en danger des enfants, impact sur la santé mentale des proches.

 

Références bibliographiques :

https://www.unitheque.com/UploadFile/DocumentPDF/G/U/EZMN-9782100712984…
file:///C:/Users/Bar/Downloads/LCP_061_0033.pdf

« l’alcoolisme est-il une fatalité ? comprendre et inverser une spirale infernale », Ph.de Timary, MARDAGA, 2016
« Rapport TDI », Coordination Assuétudes, Plateforme de santé mentale bruxelloise, 2019
« Référentiel de psychiatrie et d’addictologie. Psychiatrie de l’adulte. Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Addictologie », collection « L’Officiel ECN », Presses Universitaires François Rabelais, 3e édition, 2020